Le château de Versailles constitue un témoin exceptionnel de l'art français aux XVII
e et
XVIIIe siècle. L'architecture reprend les canons du
classicisme : la symétrie du plan, les façades à colonnades, l'inspiration antique ou mythologique dans le choix des sujets sculptés. Quelques touches
baroques apportent un peu de fantaisie à cette rigueur classique.L'implantation de ce monumental ensemble architectural crée une barrière entre la ville et le domaine. Selon le souhait de Le Nôtre, afin de ménager ses effets, on ne devait rien voir de la ville depuis les jardins et rien deviner des jardins depuis la ville.Le château reste attaché à la figure de
Louis XIV (1638-1715) mais ce fait ne doit pas occulter que sa construction et ses aménagements dépassent largement le cadre du règne du Roi-Soleil.Le cœur du château est formé par l'édifice primitif qui remonte au temps de
Louis XIII, le père de Louis XIV. Il tranche avec les autres parties par ses murs bicolores (brique et pierre) et son haut toit d'ardoises.Ce « château vieux » est en partie enveloppé dans une construction plus récente, édifiée par les architectes
Le Vau et
d'Orbay sur l'ordre de Louis XIV en 1668. Côté jardins, cette partie présente une façade à l'ordonnance classique à trois étages. Le deuxième niveau (occupé par la
galerie des Glaces) est éclairé par de hautes fenêtres encadrées par des colonnes engagées ou des
pilastres. Des pilastres que l'on retrouve au dernier étage, de hauteur moindre. Au sommet du bâtiment, une balustrade cache le toit très aplati (toit à la Mansart).Le « château vieux » et le « château neuf » forment un plan grossièrement en U. Deux longues ailes prolongent au nord et au sud ce premier ensemble. Construites par un autre architecte,
Jules Hardouin-Mansart, elles reprennent pourtant les grandes lignes de l'enveloppe de Le Vau.L'intérieur du château est notamment occupé par les
grands appartements. Ceux-ci comprennent le grand appartement du roi, l'appartement de la reine et la
galerie des Glaces. Les appartements correspondent à des enfilades de salons magnifiquement décorés jusqu'aux plafonds par les artisans de
Charles Le Brun.Longue de 73 m, la galerie des Glaces se veut la salle la plus majestueuse du château. Elle s'ouvre d'un côté sur le jardin tandis que l'autre est couvert de dix-sept panneaux de
miroirs.
Aux grands appartements répondent les petits appartements. On y trouve des pièces plus intimes que les grandes salles d'apparat.
Louis XV y conviait à souper ses proches et
Louis XVI y installa sa petite forge de serrurier. Les appartements ne sont pas toujours dans leur configuration d'origine, c'est-à-dire du temps de Louis XIV. L'appartement de la reine se présente par exemple dans son état de 1787 quand
Marie-Antoinette l'habitait.
En plus de ces bâtiments résidentiels, le château est complété par la
chapelle et l'
opéra. Dans la chapelle, élevée entre 1689 et 1710, les rois assistaient à la
messe quotidienne. L'opéra, inauguré en 1770, est l'un des derniers édifices construits du château.
La chambre du Roi Soleil
La chambre de la Reine Marie Antoinette
Le château de Versailles est géré depuis 1995 par l’établissement public du musée et du
domaine National de Versailles, dont le président actuel est
Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture. Cet
établissement public emploie 900 personnes, dont 400 affectés à la surveillance. Il reçoit 3 millions de visiteurs par an dans le château et 7 millions dans le parc. 70% des visiteurs sont des étrangers. Il comprend trois châteaux : Versailles,
Grand Trianon et
Petit Trianon, ainsi que plusieurs bâtiments situés en ville :
grande et
petite écuries,
Hôtel des Menus Plaisirs,
Salle du Jeu de paume, le Grand Commun.
Le château de Versailles compte 700 pièces, 2 513 fenêtres, 352 cheminées (1 252 sous l’ancien régime), 67 escaliers, 483 miroirs (répartis dans la Grande galerie, le salon de la Guerre et le salon de la Paix) et 13 hectares de toitures. La superficie totale est de 67 121 m² dont 50 000 sont ouverts au public. Le château compte aussi 51 210 m² de planchers.
Le
parc couvre 800 hectares, dont 300 ha de
forêt, et deux
jardins à la française : le Petit Parc (80 ha) et le Trianon (50 ha). Il compte 20 km de murs de clôture et 42 km d’allées, ainsi que 372 statues.Parmi les 55 bassins, les plus grands sont le Grand Canal (23 ha et 500 000 m³), et la pièce d’eau des Suisses (180 000 m³). On compte 600 jets d’eau et 35 km de canalisations.
Sa construction au temps de Louis XIV nécessita des milliers d'ouvriers (un maximum de 36 000 sur une année). Il coûta un peu moins de 100 millions de
livres. Cette dépense, très importante, est à mettre en perspective avec le coût d'une campagne militaire de l'époque, beaucoup plus onéreuse.
C'est en
1038 qu'apparaît la première mention de Versailles, dans une charte de l’abbaye Saint-Père de Chartres. Hugo de Versaillis est l’un des signataires. Au
Xe siècle, des moines défrichent le terrain et fondent l’église
prieuré de Saint-Julien.En
1429, deux seigneurs, Guy et Pierre de Versailles, sont mêlés à la vie de
Jeanne d’Arc. Pierre était à
Bourges, quand on examina la Pucelle; quant à Guy, chanoine de
Tours, il participa au procès de Jeanne d’Arc. À la fin de la
guerre de Cent Ans, le petit bourg se présentait dans un triste état: ses maisons pillées et dévastées sont abandonnées, et le château est en ruine. C’est la famille de Soisy qui relève les bâtiments détruits, composés d’un corps de logis principal et d’une aile en retour, précédés d’un portail encadré de deux tourelles.
Le nom d’un petit bourg, Versaille-aux-bourg-de-Galie, apparaît dans un texte daté de 1472. Les seigneurs de Versailles relevaient directement du Roi. Leur modeste château dominant l’église et le village se dressait sur la pente méridionale de la butte sur laquelle sera construit le futur château.
En
1475, Gilles de Versailles, seigneur de Versailles, cède ses droits sur
Trianon à l’abbé de Saint-Germain. L’acte de vente est la première mention de ce nom. Trianon était un village acheté puis détruit par
Louis XI dans le but de construire sur ces nouvelles terres du domaine royal une maison à collationner. Cherchant à fuir en famille le protocole trop pesant de
Paris, le roi était à
Trianon plus proche des siens. Premier caprice royal de Versailles, Trianon, comme plus tard
Marly, demeure un lieu de détente, loin de l’étiquette et des fatigues du pouvoir.
En
1561, le domaine est vendu à
Martial de Loménie, secrétaire des finances de
Charles IX, qui l’agrandit pour atteindre 150 hectares.
En
1572 : le 24 août, Loménie est assassiné lors de la nuit de la
Saint-Barthélemy. L’Estoile rapporte dans ses Mémoires que la reine
Catherine de Médicis « fit étrangler, dans l’intérêt du comte de Retz, pour lui faire avoir le château de Versailles, le secrétaire d’État Loménie, qui en était possesseur. » Ce crime n’est peut-être pas authentique, mais il n’est pas invraisemblable.
L'année suivante,
Albert de Gondi (baron de Marly), comte de Retz, un des Florentins qui accompagnent Catherine de Médicis en France, devient propriétaire du château et de la seigneurie de Versailles en rachetant le domaine pour 35 000 livres.
En
1589, un mois avant qu’il ne devienne roi de France, le
roi de Navarre séjourne à Versailles. Revenant de Blois, il s’y arrête du 7 au 9 juillet et est reçu par Albert de Gondi ; il y retourne en
1604 et
1609. Entre temps, en
1607, le dauphin, qui deviendra
Louis XIII , fait sa première chasse à Versailles.En
1616, Albert de Gondi cède la seigneurie à son fils
Jean-François de Gondi.